(Karel Ančerl) Karel Ančerl est un chef d'orchestre tchèque, né à Tucapy (Bohême) le 11 avril 1908 et mort le 3 juillet 1973 à Toronto
Biographie
Les débuts
Après des études de
Violon, de composition et de direction d'orchestre au Conservatoire de Prague de
1925 à
1929 où il est élève de
Alois Haba, il est remarqué par le grand chef tchèque
Václav Talich dont il va devenir le disciple.
Hermann Scherchen en fait son assistant de
1929 à
1931 à
Berlin puis à
Munich.
Il retourne en Tchécoslovaquie, y acquiert une grande notoriété avec sa direction de l'orchestre de jazz du Théâtre Libéré (1930 à 1933) mais aussi de l'Orchestre symphonique de la radio de Prague (1933 à 1939). Il commence aussi à diriger l'Orchestre philharmonique tchèque de Václav Talich.
Terezin
Pendant l'occupation, au début de la Seconde Guerre mondiale, les nazis ferment le théâtre Libéré jugé trop avant-gardiste. Il est déporté au camp de concentration de Theresienstadt qui après la conférence de Wannsee (
1942) devient un
Ghetto pour les juifs âgés, ceux qui ont participé à la Première Guerre mondiale ou des personnalités juives qui ne peuvent s'exiler facilement.
La propagande nazie va tourner un film dans ce ghetto voulant démontrer la magnanimité des forces d'occupation vis à vis des juifs et berner la Commission internationale de la Croix-Rouge. Dans ce film Le Führer offre une ville aux Juifs ; c'était si beau à Terezin, Ančerl dirige les artistes instrumentistes ou chanteurs qui sont ses compagnons : ils sont acteurs dans de faux décors. Après ce tournage, leur vie va devenir plus difficile : beaucoup vont être internés à Auschwitz ou dans les camps de l'est. D'autre artistes de Terezin ne survivront pas : Viktor Ullmann, élève d'Arnold Schönberg, Gideon Klein, compositeur et pianiste, Rudolf Karel grand compositeur, Pavel Haas (élève de Leoš Janáček) et d' autres artistes ou instrumentistes de haut niveau.
Avec ces conditions de vie très dures, le refuge dans l'art et la vie artistique intense que les habitants du ghetto ont réussi à préserver l'ont éloigné du désespoir et lui ont permis de conserver sa dignité.
L' Orchestre philharmonique tchèque
Transféré à Auschwitz, Karel Ančerl en réchappe quoique très affaibli (sa femme et son fils y sont gazés). Il rentre à
Prague, reprend la direction de l'Orchestre de la radio et dirige l'Orchestre de l'Opéra jusqu'en
1950. Le 20 octobre
1950 il prend la direction de l' Orchestre philharmonique tchèque comme successeur de Talich qui en a été écarté pour collaboration avec l'occupant allemand. Il pérennise l'action de Talich et l'orchestre va devenir avec Ancerl, l'un des meilleurs du monde. En cette période de
Guerre froide il faut cependant attendre
1956 pour que l'orchestre puisse jouer à l'étranger. Il va en rester le chef jusqu'en
1968.
Avec les événements de
1968 et l'occupation soviétique qui s'ensuit, il choisit de persévérer dans sa collaboration avec l'Orchestre symphonique de
Toronto. Il dirige une dernière fois l'Orchestre philharmonique tchèque au printemps
1969. Les plus grands solistes vont jouer avec lui à Toronto. Il meurt des suites d'un cancer en
1973.
Son art
Sa direction d'orchestre est affinée jusqu'à la transparence, toute de rigueur limpide, de simplicité pour rendre les partitions compréhensibles et les décharger de la tradition interprétative d'autres chefs plus illustres, à cet égard il est l'un des plus grands chefs d'orchestre du
XXe siècle.
Parmi ses élèves, on peut compter Zdenek Kosler (décédé en 1995), et Martin Turnovsky, tous deux récompensés au prestigieux Concours international de jeunes chefs d'orchestre de Besançon (1959 et 1960).
Référence absolue dans le répertoire tchèque, en particulier dans de grandioses disques Martinů et Janáček, il a soutenu ses contemporains tels Jan Hanus ou Miloslav Kabeláč. Il nous a donné plusieurs interprétations de référence : citons le Sacre du printemps de Stravinski en 1963, une version époustouflante, de très belles réussites chez Tchaïkovski et sa vision foudroyante de Roméo et Juliette de Prokofiev .
Éléments discographiques
NB : les dates entre parenthèses sont les dates d'enregistrement.
- Brahms, Symphonie nº 1 (1962), Symphonie nº 2 (1967) avec l'Orchestre philharmonique tchèque ;
- Chostakovitch, Symphonie n° 1 (1964), Symphonie nº 5 (1961) avec l'Orchestre philharmonique tchèque ;
- Dvořák, Symphonie n° 6 (1966), Symphonie n° 9 dite « du nouveau monde » (1961) avec l'Orchestre philharmonique tchèque ;
- Dvořák, Concerto pour Violon (1960) avec Josef Suk et l'Orchestre philharmonique tchèque ;
- Dvořák, Danses slaves avec l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig
- Dvořák, Requiem op. 89 (1964) avec les choeurs et l'Orchestre symphonique de la radio de Berlin, Elisabeth Rose (soprano), Gertraud Prenzlow (contralto), Peter Schreier (ténor) et Theo Adam (basse) ;
- Janáček, Sinfonietta (1961), Tarass Boulba (1961) avec l'Orchestre philharmonique tchèque ;
- Mahler, Symphonie n° 1 dite « Titan » (1964), Symphonie n° 9 (1966) avec l'Orchestre philharmonique tchèque ;
- Prokofiev, Alexandre Nevski (1962), Roméo et Juliette (1959) avec l'Orchestre philharmonique tchèque ;
- Smetana, Ma Vlast (1963) avec l'Orchestre philharmonique tchèque ;
- Stravinski, Le sacre du printemps (1963), Symphonie de psaumes (1965) avec l'Orchestre philharmonique tchèque.
Liens externes